Et Nous aurons des filles
A Annette Messager, Marjane Satrapi et Kara Walker
Ce n’est plus vivre donc
C’est autre chose qu’il faut
LOUISE BOUCHARD
ici, loin, dehors, je marche
quelques pas seulement
femme perdue ailleurs
sa tête ailleurs
malgré l’air connu de la marche
Seine et monuments
hauteur variable du ciel
théorie des nuages
fil, écran, voix
et mort annoncée
encore, encore
n’apprend pas à se taire
je le vois, proche
ton dernier visage
de plus en plus
ressemble aux autres
la mort à nos trousses
presque amoureuse
le cri qu’il ne pousse pas
ton dernier visage fait de l’ombre
brusquement le jour ample
je ne m’aperçois de rien
vis, marche clans l’abondance
sans témoin, à l’étroit
loin,loin
c’est touristique ici
les uns sur les autres
effarement et poussière
sans plaisir, dimanche encore
à tout prix l’essentiel
une longue traversée
du désert de la ville
mes pas de géante
mon corps, mes bras vers de vastes lieux clos
ce qui fait triompher l’essentiel
les récits sans fin, femmes
femmes sans boycott
blessures en noir et en blanc, découpes
textures, fissures, femmes
et raccommodements à venir
car nos désirs se chevauchent
Y tendremos hijas
A Annette Messager, Marjane Satrapi y Kara Walker
Esto ya no es vivir entonces
Es otra cosa lo que hace falta
LOUISE BOUCHARD
aquí, lejos, afuera, camino
algunos pasos solamente
mujer extraviada en otro sitio
su mente en otro sitio
pese a lo familiar de la caminata
Sena y monumentos
variable altura del cielo
teoría de las nubes
filamento, pantalla, voz
y muerte anunciada
todavía, todavía
no aprende a callarse
lo veo, cercano
tu último semblante
cada vez más
se parece a los otros
la muerte nos va pisando los talones
casi amorosa
el grito que no profiere
tu último rostro genera sombra
bruscamente el día se despliega
de nada me percato
vivo, camino en la opulencia
sin testigo, en la estrechez
lejos, lejos
es turístico aquí
unos encima de otros
turbación y polvo
sin goce, domingo todavía
a cualquier precio lo esencial
una larga travesía
del desierto de la ciudad
mis pasos de giganta
mi cuerpo, mis brazos hacia inmensos sitios cerrados
lo que hace triunfar lo esencial
los relatos interminables, mujeres
mujeres sin boicoteo
heridas en negro y en blanco, recortes
texturas, fisuras, mujeres
y reconciliaciones que vienen
porque nuestros deseos se superponen
Traducción de Silvia Pratt
mes lèvres s’écartent
sur une voix de ville
l’abîme malgré mes réticences
la nuit le fil de nos histoires d’amour
tes doigts sur ma bouche
est-ce qu’on meurt différemment
quand on est une femme
la nuit l’attente de la fin
l’huitre la nacre grise juste le mot nostalgie
longtemps j’ai censuré a mort en moi
parce qu’elle me semblait masculine
toute phrase est injuste
parce qu’elle nous contourne
une langue toujours étrangère
la forme mobile s’embourbe dans le paysage
elle fuit secrètement le trop et l’insuffisant
nous ne sommes nulle part malgré la splendeur du rythme
car le silence nous précède.
De Mais la ménace est une belle extravagance
mis labios se abren
sobre una voz de ciudad
el abismo a pesar de mis reticencias
la noche el hilo de nuestras historias de amor
tus dedos sobre mi boca
es que se muere de otra manera
cuando se es mujer
la noche la espera del fin
la ostra el nácar gris solo la palabra nostalgia
mucho tiempo he censurado la muerte en mi
porque me parecía masculina.
toda frase es injusta
porque nos rodea
una lengua siempre extranjera
la forma móvil se enfanga en el paisaje
huye secretamente de lo demasiado y lo insuficiente
no estamos en ninguna parte a pesar del esplendor del ritmo
pues el silencio nos precede.
De Mais la ménace est une belle extravagance
il neige – inventaire des absences
parfois c’est doux
parfois on mentionne ce fait c’est doux à celle qui est là
on insiste rapelle toi
un ciel très noir ou bien il neige
il paraît que c’est moi moi murmure-t-elle
ma peur par bonds face à cette constellation de fosses
une syllabe puis d’autres manquaient
ma peur-vigile tonnant- je t’ai reveillée
proie accrochée à ton dos
mais pas comme d’habitude la nuit.
plus vide qu’hier sans souillure jusqu’en bas blanche
mémoire on pense poing
et ombre dans cervelle lisse
hier tu as dit quelque chose
il neige – c’est si compliqué
sentence
ou huis clos
tu as peut-être prononcé incendie
je ne me souviens plus de la suite
c’est fou je ne crois pas avoir articulé sauve – moi
sauve-moi quand il n’y aura vraiment plus d’étoiles
nous comme avant nos voix nocturnes
doigts ou bruits appuyés sur drap de chevet
de côté – à qui
celle qui est là tâtonne quête
premiers plis de caresses
laisse sous-entendre suspicion
on dirait quelque errante
et mon caprice
interrompue par moindre mur ou pas
moi moi et tout le monde
ma phrase brisée ses flos de phalanges partout
plusieurs
ce qu’il en reste
celle qui est là et l’autre-toi peut-être aussi-et moi moi
cercle sur cercle
solide chaos
il n’ya plua ni surface ni fond
et nos silhouettes se baignent blafardes
rien à signaler
-y suis-je encore sans suite
enfant perdue faille trou dans l’archive
aujourd’hui
celle que est là ne répond pas
la grille bée
moi moi et discret coeur claque
ne tire plus profit de rien
du désert dans le dos l’odeur l’air l’âme
quoi que ce soit de risqué sos les yeux et dedans
tu as beau dire nuit jour
séparer dimanche et crépuscule
chaque seconde absente passe pensée poreuse
sans verrou sauve-moi dérive
se détache-tronc
celle qui est là moi moi de moins en moins
d’authentiques guerres reviennent
passé présent cognent poitrine et font pleurer
tu tentes l’impossible tu montres du doigt
toi ailleurs et tout le monde
réciproquement
ça crie sur écran
le rond noir de la bouche avale tout
parfois c’est loup
parfois celle qui va et vient égarée articule loup
absente comment vouloir autrement
thorax et ville vide-avant après- ma tête
traversée
ne traverse plus
tu penses un peu plus loin derrière store
refermée toi-un peu de mort définitive
c’est la nuit ciel et lame où
le chétif éttonnement blesse
moi moi sans plus aucun détail soufre
ou faussement sommeil exemplaire
De D’où surgit parfois un bras d’horizon
nieva-inventario de ausencias
a veces es dulce
a veces se menciona eso es dulce a la que está alli
se insiste recuerda
un cielo muy negro o bien nieva
parece que soy yo murmura ella
mi miedo a saltos frente a esta constelación de fosas
una sílaba después otras faltaban
mi miedo – vigilia tonante- te he despertado
presa agarrada a tu espalda
pero no como de costumbre la noche
más vacia que ayer sin mancha hasta abajo blanca
memoria se piensa puño
y sombra en cerebro liso
ayer has dicho algo
nieva- es tan complicado
sentencia
o huis clos
tu quizá has pronunciado incendio
yo no me acuerdo de la continuación
es raro yo no creo haber articulado sálvame
sálvame cuando no haya ya más estrellas
nosotras como antes nuestras voces nocturnas
dedos o ruidos apoyados sobre sábana
de lado – a quien
aquella que está ahí tienta busca
primeros pliegues de caricias
deja sobre entender sospecha
se diría alguna nómada
y mi capricho
interrumpida por mínimo muro o paso
yo yo y todo el mundo
mi frase rota sus borrosas falanges por todas partes
varias
de las que quedan
la que está ahí y la otra- puede que tu también- y yo yo
círculo sobre círculo
sólido caos
ya no hay ni superficie ni fondo
y nuestras siluetas se bañan pálidas
nada que decir
-y estoy yo todavía sin continuación
niña perdida brecha roto en el archivo
hoy
la que está ahí no responde
la verja abierta
yo yo y discreto corazón golpea
ya nada le aprovecha
el desierto en la espalda el olor el aire el alma
sea lo que sea de arriesgado ante los ojos y dentro
por mucho que digas noche día
separar domingo y crepúsculo
cada segundo ausente pasa pensamiento poroso
sin cerrojo sálvame deriva
se suelta- tronco
la que está alli yo yo cada vez menos
auténticas guerras vuelven
pasado presente golpean pecho y hacen llorar
tu intentas lo imposible tu señalas
tu en otra parte y todo el mundo
reciprocamente
eso grita en la pantalla
lo redondo de la boca lo traga todo
a veces es lobo
a veces la que va y viene extraviada articula lobo
ausente como querer de otra manera
tórax y ciudad vacía- antes después- mi cabeza
atravesada
ya no atraviesa
tu piensas un poco más lejos detrás estor
encerrada tu – un poco de muerte definitiva
es la noche cielo y lama donde
la débil sorpresa hiere
yo yo sin ya ningún detalle sufre
o falsamente sueño ejemplar.
De D’où surgit parfois un bras d’horizon
Le son de ma colère
Mortelle, friable, à chaque bout de mon corps, assombrie, la cadence de mes bras et mon regard courts, je ne me ressemble plus. Ni le parc Lafontaine d’ailleurs, ni l’étang sur lequel flotte,méconnaissable, une certaine image de nous, ni le vert beaucoup trop vert cette année en novembre. Ta mort pred son temps,mais ne s’arrête pas. De jour comme de nuit, ta mort languissante erre, va loin, emprunte des chemins jusque-là défendus, pareils à des fruits, donnant curieusement l’impression de s’adapter aux déplacements de mon corps. Qui,de toi ou de moi, guide l’autre, mon papillon?
De Tombeau de Lou
El sonido de mi cólera
Mortal, friable, en cada límite de mi cuerpo, ensombrecida, la cadencia de mis brazos y mi mirada cortos, ya no me parezco. Ni el parque Lafontaine de entonces, ni el estanque sobre el que flota, irreconocible, una cierta imagen de nosotras, ni el verde demasiado verde este año en noviembre. Tu muerte se toma su tiempo pero no se detiene. Tanto de día como de noche, tu muerte lánguida vaga, va lejos, toma caminos hasta entonces prohibidos, similares a frutos, dando curiosamente la impresión de adaptarse a los desplazamientos de mi cuerpo. ¿Quién, tu o yo, guía a la otra, mi mariposa?
De Tombeau de Lou
Avant l’aurore
Écho entre fenêtre et fêlure. Elle le sent s’activer dans le vague de l’air ; le sent remuer fort en elle sous le muscle ; le devine, dehors dedans, jais qui s’acharne, se déploie, ample, touffu, grave, semblable à lui-même. Lui donne un nom, tout droit sorti de l’enfance et de l’automne : «Noir». Répète : «Noir». Le matin s’ouvre, vieux déjà, et la nuit s’y expose. Même broyé, même mobile, elle le reconnaît. En a l’habitude, en sait long sur son compte, forcément rejointe par ses assauts, ses mystères, ses ruses et l’empreinte qu’il laisse, à chaque instant, sur la suite du monde : lamento, nocturne, requiem, tombeau, nature morte. Sous cet angle, la lumière n’a plus tout à fait le profil de la lumière.
Écrit contre l’oubli, clans la confusion des heures et des horizons, là où même les fleuves, octobre, la neige sont en péril. Avec des signes nus qui ne craignent pas le feu, écrit. Comme on dessine, comme on danse, la chambre soudain retournée, mais sa jambe ou son bras aux aguets, comptant leurs virevoltes, en surveillant la justesse, de peur qu’une distraction — oh ! presque rien, une négligence — de la cheville ou du poing ne fasse resurgir ce couac qui éteint les lampes et ce noir lancinant, absolu, qui aveugle l’espoir. Écrit, comme on crée, les pupilles lentes, avec la mémoire d’une phrase prononcée par le mendiant au lever du jour, quand la ville brûle, brûle : «Cela s’appelle l’aurore.»
Antes del alba
Eco entre ventana y fisura. Ella lo siente activarse en la marejada del aire; lo siente agitarse mucho en ella bajo el músculo; lo adivina, afuera adentro, azabache que se encarniza, se despliega, amplio, denso, grave, semejante a sí mismo. Le otorga un nombre, directamente sacado de la infancia y del otoño: “Negro”. Repite: “Negro”. La mañana se abre, ya vieja, y la noche se expone ahí. Incluso quebrado, incluso móvil, ella lo reconoce. Se acostumbró a él, lo conoce mucho, forzosamente le llegan sus ofensivas, sus misterios, sus ardides y la huella que deja, a cada instante, en el curso del mundo: lamento, nocturno, réquiem, tumba, naturaleza muerta. Bajo este ángulo, la luz ya no tiene en absoluto el perfil de la luz.
Escribe contra el olvido, en la confusión de las horas y de los horizontes, ahí donde incluso los ríos, octubre, la nieve corren peligro. Con signos al desnudo que no temen al fuego, escribe. Como se dibuja, como se baila, la habitación súbitamente trastocada, pero su pierna o su brazo al acecho, contando sus escarceos, cuidando la precisión, por temor de que un descuido — ¡oh! casi nada, una negligencia— del tobillo o del puño haga resurgir a ese gallo que apaga las lámparas y ese color negro lancinante, absoluto, que ciega la esperanza. Escribe, como cuando uno crea, las pupilas lentas, con el recuerdo de una frase pronunciada por el mendigo al amanecer, cuando la ciudad arde, arde: “Eso se llama aurora.”
Traducción de Silvia Pratt
Denise Desautels (Montréal, Canada, 4 de abril de 1945). Poeta y escritora, miembro de la Academie des Lettres de Québec.
Ha publicado más de 40 poemarios, relatos y libros de artista, varios de los cuales se encuentran exhibidos en museos y en colecciones importantes de su país.
Destacan los poemarios Mais la menace est une belle extravagance ,( éditions du Noroît, 1989, Prix de poésie du Journal de MontréalLeçons de Venise,(Editions du Noroît, 1990), premio de la Fondation Les ForgesTombeau de Lou, La marathonienne,Tombeau de Lou (éditions du Noroît, 2000), premio de la Society of Canadian Writers y la Société Radio-Canada , Sans toi, Je n’aurais regardé si haut,( Editions du Noroît, 2013), D’où surgit parfois un bras d’horizon.
Por su contribución a la cultura y a las letras de Québec, ha recibido los siguientes Premios: Gran Premio Québecor del Festival Internacional de Poesía de Trois-Rivières; Premio del Gouverneur général du Canadá; el Premio Athanase-David (la más prestigiosa distinción literaria que se otorga en Québec); y el Echelon Medalla Vermeil, (la más alta distinción que concede la ciudad de París, en el marco de la Feria del Libro de París (1999).
Enlaces de interes :
https://hmong.es/wiki/Denise_Desautels
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